La région maskoutaine a une tradition plus que centenaire en matière de production, de transformation et de formation liées au monde agroalimentaire. Déjà au début du 19e siècle, la région maskoutaine était reconnue comme l’une des plus importantes zones de production de commerce et d’échanges de produits alimentaires du Québec.
Grâce à ce statut, Saint-Hyacinthe est choisie en 1882 pour accueillir le siège de la Société d’industrie laitière du Québec, dont les activités sont vouées à l’amélioration de la qualité des produits d’origine laitière. Cela mènera à l’ouverture, 10 ans plus tard, de l’École de laiterie de Saint-Hyacinthe qui formera plusieurs générations de fabricants de beurre et de fromage de la province, jusqu’en 1962, avant de devenir l’actuel Institut de technologie agroalimentaire du Québec.
En 1947, le gouvernement du Québec décide d’établir, sur le même site, l’École de médecine vétérinaire, devenue la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal en 1968.
Ces institutions seront à la base de l’écosystème d’innovation maskoutain et c’est autour de celles-ci que se sont agglutinées les principales institutions que l’on connaît aujourd’hui.
La reconversion économique
Dans la seconde moitié du 20e siècle, l’économie maskoutaine est dominée par l’industrie textile. Plus des deux tiers des emplois y sont alors associés. La région connaît donc des moments difficiles avec la crise qui touche ce secteur au début des années 1970. Les décideurs locaux se voient alors forcés de déployer des efforts de reconversion économique qu’ils décident d’axer sur le secteur agroalimentaire, l’idée étant bien entendu de mettre en valeur ses atouts historiques en production agricole.
Des efforts sont consacrés au développement d’un parc industriel où pourraient s’implanter, sous forme de grappe technologique, des entreprises de transformation alimentaire et d’appui à la filière agroalimentaire. Un pari, relevé avec succès avec l’installation d’une vingtaine de nouvelles sociétés en moins de cinq ans.
Cela vaut à Saint-Hyacinthe le titre de Capitale agroalimentaire du Québec en 1983. En 1987, le gouvernement du Canada inaugure à Saint Hyacinthe le Centre de recherche et de développement sur les aliments, la plus importante unité de recherche en transformation alimentaire au pays. Sa mise en place avait nécessité des investissements d’au-delà de 40 millions de dollars.
L’opération Technopole
Le pôle technologique ainsi développé a permis à Saint-Hyacinthe de se faire remarquer dans le réseau international des parcs scientifiques liés à la science agroalimentaire. Saisissant cette récente renommée, les décideurs locaux, menés par la Corporation de développement économique et industriel de Saint-Hyacinthe, amorcent au début des années 1990 les démarches visant à faire élever ce jeune écosystème de production et d’innovation au statut de Technopole.
Délivrée à l’époque par l’International Association of Science Parks (IASP), cette importante accréditation reconnaît les territoires répondant aux critères de base d’un parc technologique et scientifique et ayant les atouts pour développer la richesse collective et la compétitivité des entreprises par l’innovation. Elle faisait alors l’objet d’une laborieuse démarche d’audit par des experts internationaux.
Au terme d’un long processus, Saint-Hyacinthe devient ainsi, le 9 novembre 1993, la première Technopole canadienne. Le Courrier de Saint-Hyacinthe indiquait alors : « Parce qu’elle possède un parc scientifique pleinement développé, totalement opérationnel et doté d’une équipe permanente de direction, la Ville de Saint-Hyacinthe, par son agroalimentaire, est reçue officiellement au Club international des Technopoles, dans la catégorie A, se situant ainsi au même niveau que les plus importantes technopoles du monde ».
À l’époque, ce club sélect comptait à peine une centaine de Technopoles à travers le monde, dont les plus connues étaient Silicon Valley, Boston, Cambridge, Toulouse et Nagasaki.
La naissance de la Cité de l’innovation agroalimentaire
Ce n’est que cinq ans plus tard que naît l’idée de la création d’un parc technologique et scientifique voué à l’innovation du secteur agroalimentaire. Évoqué en 1998 par le député Léandre Dion et promu par le maire Claude Bernier et le directeur général du CLD Les Maskoutains Mario De Tilly, le projet mobilise rapidement tout le « Saint-Hyacinthe agro » et plusieurs acteurs nationaux de la filière.
Ceux-ci souhaitent profiter de l’expertise de recherche de calibre mondial présente à Saint-Hyacinthe à travers ses institutions scientifiques et d’enseignement supérieur pour générer davantage d’applications industrielles et de retombées économiques pour la région et la filière agroalimentaire. Tout cela en créant, dans un territoire délimité, un espace de proximité entre les acteurs de la recherche et de la formation supérieure, les talents et les entreprises du secteur.
Appuyées sur cette vision, l’idéation du projet et la préparation de son plan d’affaires auront nécessité près de cinq années de travaux. Ainsi, la Cité de la biotechnologie agroalimentaire et vétérinaire, désormais la Cité de l’innovation agroalimentaire, est officiellement constituée le 16 janvier 2003. Dès lors, elle se développera à partir d’une banque de terrain cédé à cette fin par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et situé en plein cœur de ses limites.
De même, depuis sa fondation, la Cité a développé un important parc immobilier servant à accueillir des entreprises émergentes spécialisées dans les secteurs agroalimentaire, vétérinaire et pharmaceutique. Ce sont huit bâtiments qui offrent plus de 350 000 pieds carrés d’espace de production et de recherche à une vingtaine de sociétés innovantes. Développés avec l’appui de la Ville de Saint-Hyacinthe, ces immeubles locatifs représentent un actif de plus de 60 millions de dollars pour Saint-Hyacinthe Technopole qui en est aujourd’hui propriétaire. Ce complexe fourmille d’activités scientifiques et technologiques alors qu’au-delà de 300 employés hautement qualifiés y exercent leurs activités professionnelles quotidiennement.
Ainsi, en 20 ans, la Cité a vu naître une quarantaine d’entreprises technologiques qui se démarquent par leurs activités de R et D et le caractère innovant de leurs produits ou de leurs procédés de production. Elle a cumulé plus de 1,2 milliard en investissements, dont plus de la moitié par des entreprises privées.
À ce jour, ce sont quelque 3 000 employés, dont plus de 200 chercheurs de renommée mondiale, qui œuvrent dans ses limites. Ceux-ci ont permis à la Cité de jouer un rôle considérable dans le développement économique de la grande région de Saint-Hyacinthe, mais aussi dans l’avancement et l’innovation de l’industrie agroalimentaire québécoise.
Pour en savoir plus
Consultez le cahier spécial 20e anniversaire de la Cité de l’innovation agroalimentaire
Réalisé en collaboration avec Le Courrier de Saint-Hyacinthe