Transformer ses contraintes en leviers avec la mutualisation d’équipements et d’infrastructures de transformation alimentaire

Au Québec, nul ne peut nier que le contexte économique actuel est très exigeant pour l’industrie de la transformation alimentaire. Comme l’inflation affecte les investissements dans des projets de développement et d’innovation, il s’avère d’autant plus crucial de réfléchir à des solutions concrètes pour gagner en efficacité et assurer sa rentabilité. Un nouveau projet pilote, mis en place en Montérégie, vise justement l’atteinte de cet objectif.

 

Coordonné par Saint-Hyacinthe Technopole, promoteur du plus important pôle d’innovation agroalimentaire au Québec, ce projet permet désormais d’accompagner les transformateurs de la région dans la mutualisation de leurs espaces et de leurs équipements. Tour d’horizon d’une initiative hautement prometteuse !

« Au départ, le projet pilote de mutualisation d’équipements et d’infrastructures de transformation alimentaire est né des demandes répétées de plusieurs petites entreprises des MRC d’Acton, de Rouville et des Maskoutains situées en Montérégie. Elles sollicitaient de l’aide pour trouver du financement pour acquérir de nouveaux équipements, alors que certaines d’entre elles possédaient des actifs qui n’étaient pas utilisés à 100 % », révèle Jade Proulx, directrice innovation agroalimentaire chez Saint-Hyacinthe Technopole.

Le projet s’inscrit dans le Plan d’action régional pour faciliter la mutualisation d’équipements et d’infrastructures de transformation alimentaire en Montérégie, porté par la Stratégie bioalimentaire Montérégie (SBM). Cette démarche est issue de l’Entente sectorielle de développement du secteur bioalimentaire pour la réalisation de projets structurants dans la région. Celle-ci réunit 21 partenaires signataires, lesquels ont investi collectivement la somme de 4,3 M$ pour la période de 2021 à 2026 afin de soutenir plus de 30 projets structurants répondant aux priorités régionales.

Une pratique novatrice à démocratiser

La mutualisation d’équipements et d’infrastructures est une solution innovante permettant aux transformateurs alimentaires de mieux rentabiliser leurs actifs (ex. : cuisines commerciales, équipements amovibles, espaces d’entreposage ou véhicules de transport), et ce, tout en offrant à d’autres entreprises la possibilité de réaliser des projets sans devoir assumer seules le coût de nouvelles infrastructures. Il s’agit d’une relation commerciale et humaine bénéfique à plusieurs égards.

Cette approche se distingue du conditionnement à forfait (co-packing) et de la sous-traitance, consistant en une relation d’affaires plus étroite menant vers des collaborations et des partenariats gagnants pour les deux parties. Par exemple, une microbrasserie peut partager ses espaces réfrigérés avec un producteur de framboises et cette proximité peut mener à la création d’une nouvelle bière avec ses fruits.

Aussi, grâce à la mutualisation, les propriétaires peuvent tirer une nouvelle source de revenus de leurs actifs sous-utilisés, laquelle est plus que bienvenue dans un contexte économique pour le moins difficile. En contrepartie, les utilisateurs ont accès à des équipements spécialisés ou dispendieux qu’ils n’auraient autrement pas eu les moyens d’acquérir.

Une autre retombée positive non négligeable de la mutualisation est qu’elle permet un véritable échange d’expertises. Elle peut rapprocher deux entrepreneurs qui partageront à la fois leurs stratégies de mise en marché, leurs fournisseurs et leur savoir-faire en lien avec la transformation. Bref, tout le monde y gagne !

De nouveaux outils pour les transformateurs

Pour diverses raisons, certaines entreprises hésitent à s’initier à cette pratique par manque de temps, de ressources, ou même de confiance envers celle-ci. Plusieurs s’inquiètent aussi des conséquences de partager un de leurs actifs, notamment par rapport à la notion de responsabilité en cas de bris, ou encore à la maintenance.

« De plus, il n’est pas toujours simple de trouver des données précises concernant l’offre et la demande », un phénomène que Jade Proulx a pu observer dans le cadre de ses fonctions.

Dans le cadre du projet pilote, les entreprises de transformation alimentaire peuvent recourir à des outils conviviaux dans le but d’éliminer ou d’amoindrir les défis auxquels elles font face. Le premier est la plateforme numérique MiXR, un outil de coordination qui permet aux acteurs de la transformation alimentaire d’offrir ou de rechercher des ressources.

Cette dernière mentionne également que d’autres outils sont en cours de développement par la SBM et ses partenaires, dont des modèles de contrats de mutualisation servant à bien protéger les parties et un outil d’estimation du coût de revient pour évaluer la viabilité économique d’un projet avant sa mise en œuvre.

Une conseillère spécialisée en mutualisation

Saint-Hyacinthe Technopole a récemment accueilli une nouvelle conseillère en mutualisation au sein de son équipe. « Notre organisme est le point d’entrée des transformateurs de la Montérégie pour naviguer dans tous les processus de mutualisation d’équipements et d’infrastructures. Cette ressource est donc à leur service pour les guider dans leurs pratiques et les aider à structurer leurs initiatives.

Elle peut soutenir les entreprises pour qu’elles s’approprient les nouveaux outils, comme la plateforme MiXR, et les accompagner directement dans l’élaboration et le déploiement de leurs projets de mutualisation d’équipements et d’infrastructures. Les transformateurs qui veulent en savoir plus ne doivent pas hésiter à communiquer avec nous », souligne la directrice.

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